« Je suis très intéressé par les formes en volumes. J’ai développé une pratique de la sculpture. J’utilise les matériaux du moment qu’ils se trouvent sur mon chemin. Pour moi la récolte et la fabrication sont partie intégrante du geste artistique.Mes formes sont souvent le résultat d’une expérience vécue, d’une observation dans un territoire et sa retranscription, sous une autre apparence, matérialisée. Le mot « contexte » vient du latin, son étymologie CUM/TEXTERE signifie TISSER/ENSEMBLE. Et c’est dans cette relation d’interdépendance que je souhaite aborder ce lieu.Il y a quelques années, je partais faire une estive de quatre mois dans la montagne avec un troupeau de moutons, cette expérience était le point de départ de ma pratique artistique. Pendant cette période, j’ai pris conscience de l’influence du relief sur les émotions, sur la perception. Les montagnes sont le résultat d’un choc entre différentes plaques terrestres, le sous-sol caché sous la surface se retrouve culminant et donc, visible.Pour penser et créer je voudrais être dans un lieux où le sol est accessible. Dans ce substrat je peux trouver les choses qui me nourrissent. Je ressens le besoin de fouir, remuer, grimper, arpenter, pour approfondir ma recherche.Le territoire du refuge de Pré La Chaumette se trouve sur une zone de rencontre, la position géographique du lieu de résidence est très intéressante pour ma recherche, en particulier ses caractéristiques géologiques et environnementales. Je m’intéresse aux matières qui y sont présentes : le bois des forêts, l’eau des ruisseaux, la pierre, l’argile, la laine des troupeaux locaux… Ainsi qu’aux personnes qui y vivent et y travaillent : gardien.nes de refuges, berger.es, éleveur.es, randonneur.ses... En montagne, il y a un lien fort entre les êtres humains, les animaux, les paysages, les conditions météorologiques. Cet environnement est plein de ressources, matérielles, sociales et historiques.Pendant la durée de la résidence je diviserai mon temps en deux : un temps de repérage, de récolte, de glanage et un temps de retranscription de mes observations sur place par une démarche du faire. Je compte créer en tenant compte de ce que je vais trouver sur place. Je viens avec une manière de faire et non avec une idée précise qui serait forcément décontextualisée. Pour moi, ce terrain est favorable au fait de vivre des expériences fortes. Je serai très heureux de partager mes recherches et d’échanger avec les personnes présentes au refuge.»
Traineau
Bois, fer, os, corde
“ Je voulais faire de la luge mais toute la neige avait fondu. Le gypaète barbu a disparu, il se nourrissait d’os. Il y avait « L’appel sauvage » de Jack London dans la bibliothèque du refuge. J’ai quand même construit un traineau, il est orné d’os de chamois, de cerf et de vache qui ont dévalé les pentes. Le traineau transportait mes affaires et maintenant des histoires de montagnes. Il rêve de vitesse sur la neige. ”
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