« Dans les Alpes, il existe des sentiers où des gens marchent, grimpent ou courent. Parmi eux, certains râlent, souffrent, d’autres rêvassent, jouissent. Au cœur de tout ça, l’idée d’une empreinte s’impose : celle que nous y laissons et celle que la montagne nous laisse. Des stigmates visibles et invisibles, à la fois physiques et abstraits, émouvants ou anodins. Les refuges ont été bâtis à des endroits stratégiques, nous offrant la possibilité d’aller-venir à notre rythme, à notre guise. Ces refuges se nourrissent de nos empreintes. Lorsque je les traverse - je n’y passe jamais plus d’une nuit - je m’interroge sur ce que j’ai moi-même transmis. J’imagine ce que vivent les gardiennes et les gardiens. Avec quoi arrivent-ils, de quoi sont-ils chargés à la fin ? Pour cette résidence, j’aimerais donc me pencher sur la question de l’empreinte, une question inhérente aux recherches que je mène pour mes projets en cours. Pour ce faire, je serai accompagnée d’un carnet, un crayon, un appareil photo et des pellicules. Ce qui fera de cette résidence un temps d’exploration différent de ce que je vis habituellement, c’est le fait qu’il ne s’agira plus de traverser, “passer par”, mais de se (dé)poser à un endroit précis. D’être l’observatrice d’itinéraires humains et non-humains. S’installer pour mieux voir : une manière d’y regarder à deux fois. Je suis la première marquée par mes randonnées et par les refuges que je visite. J’y vois un tel terrain d’expérimentation poétique que je serais infiniment heureuse d’y séjourner une semaine entière. Et d’y laisser une empreinte durable. »
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