« Avec ma famille, on marchait dans nos Pyrénées natales. Iels espéraient à chaque pas le point de vue sur un grand paysage panoramique. Je comprenais pas, j’étais émerveillée par les mousses et les cailloux du chemin.
Chemin faisant, je découvre que comme sur la planète Shadock, il y a quelque chose de l’autre côté, dans l’ombre, de l’autre côté du langage. Alors j’entreprends de traverser la chair de la langue pour y créer un monde dans l’envers du monde.
Retourner (dans) la montagne, rentrer dedans, dans les petites choses de la montagne, rencontrer la mouche qui fait sa sieste sous la fenêtre et se prêter au jeu. Perdre le contrôle et déplacer mes lunettes pour changer mon regard sur le monde.
Invitée dans le refuge, je propose d’y entrer en relation avec les personnes qui y sont, les écouter, écouter leurs muscles jouer de la musique avec les os de la terre. De même pour la nature qui est autour, et qui chuchote tant de choses dans le vent.
Mon projet est de tisser, sur base d’écriture poétique, un récit en partie fictif qui mêle mes questionnements actuels sur le genre, le corps, le langage, avec ce qui se passera sur le terrain, dans ce refuge, sur ces sentiers, sous les cailloux, comme si les humain·es communiquaient avec les choses de la montagne.
Ce poème serait constellé de petites interventions plastiques (déplacements, assemblages, enregistrements...) et je l’espère, de gestes qui pourraient amener de la poésie dans la vie du refuge.
Le refuge maisonne ponctue seuille toite abrite lite table... On en sort, on rentre dans la montagne. On revient se raconter des histoires venues de l’autre côté du paysage. On prend soin d’y mélanger sur le paillasson ses poussières à la boue de l’envers des pentes et quand on s’en va s’ouvrent des fleurs sur le paysage sans chemin. »
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