« Les conditions matérielles de la vie en refuge invitent à repenser la manière de conserver et archiver notre expérience du monde. Avec peu de support matériel, il s’agit de ne jamais se perdre, de savoir à tout moment l’endroit où je me trouve. En m'inspirant du savoir-faire du marcheur dont le bagage est savamment étudié pour peser le moins et contenir le plus - l'essentiel, de l'habit à l'habitat -, je souhaite faire l'expérience de sculptures à la fois externe et interne, propre et impropre. J'envisage cette résidence comme une recherche où interroger les limites entre le matériel et l'immatériel, l'intériorité et l'extériorité ainsi que le naturel et l'artificiel. Cette expérimentation nouvelle me mènera certainement à vouloir transporter autre chose qu'un espace physique mais aussi un espace psychique. À concevoir des structures mobiles qui donnent un lieu pour l'invisible, comme le marcheur pose un camp sommaire pour apprécier le paysage ou une émotion fugace. Ma pratique de la sculpture serait alors moins la création d'objet que la conception de structures, d'un cadre, pour des contenus mentaux, invisibles. Je souhaite réaliser des objets matériels mnémotechniques qui agissent à la fois comme des rappels et des structures de l’expérience. J’envisage le chemin comme analogie de la pensée, qui invite à des expériences quotidiennes et répétées. Cela suppose des expériences concrètes de navigation : l’expérience mnémotechnique de rebrousser chemin ou superposer du récit et de la topographie. »
Tous droits réservés © Marine Zonca et l'envers des pentes 2023