« Partir légère pour laisser toute sa place à la collecte et l’observation, en chemin puis en gravitant autour du refuge. Je le vois comme une pause, un entre deux, un lieu isolé mais vivant, de passage. Un endroit duquel on surveille le ciel, qui nous abrite des intempéries, du froid nocturne, du vent. Un observatoire. Monter là haut c’est donc aussi se rapprocher du soleil, un peu plus que d’habitude. Dans ce cas là, je voudrais voir comment il agit, là haut sur mes papiers sensibles.Voir aussi si, à cette altitude, la lumière de la lune s’imprime sur les surfaces sensibles. Essayer, rater, jouer.À l’image des marcheurs, je serai dépendante de la météo, du vent, des intempéries, je m’en remettrai au soleil et au vent pour la fabrication d’images directes, dont les étapes de production seront réduites à l’essentiel. Une photographie du peu, en collaboration avec les éléments et le territoire.Je voudrais collecter les eaux du torrent, des lacs, les eaux de pluie -si elle s’invite.De cette eau, faire émerger les images prises au long de la résidence.Collecter aussi la rosée pour y développer les ombres glanées la veille sur papier sensible.Glaner les pigments dans les baies et les feuillages pour ensuite les faire décolorer sous le même soleil qui les a nourri.Sans machines et avec le vallon comme laboratoire ouvert, il s’agira d’une photographie autonome, la moins invasive possible, la plus primaire, discrète, respectueuse -au risque d’être fragile. »
Tous droits réservés © Marie Clerel et l'envers des pentes 2022