« En ce moment, je travaille sur la création de monde sans trop le savoir et en fouillant.
Danser au bord du monde, c’est danser sur le rebord du monde. Ursula Le Guin l’écrit après l’avoir entendu dans une chanson. Après avoir lu, j’écris : J’aimerais voir le bord du monde, c’est pour ça que je le cherche. Où s’arrête-t-il ? Chez Le Guin, on y danse. Chez Bell Hooks, on ne peut pas y tomber. Chez Stein, on y dépose une chaise en son sommet. C’est pour ça que je crée mon monde, c’est pour savoir où il s’arrête !
On suivra le courant avec notre sac à dos rempli de projets, de linge et de moutons. Conter non pas les moutons mais avec eux, au milieu d’eux et avec vous. Le reflet des montagnes sur nos épaules, je lirai sûrement un bout du carnet de mon père, il commence par la fin, je recommencerai dans le désordre. Lire Les Guérillères de Wittig juste pour la montagne au-dessus de nous puis faire un tour de magie en regardant le paysage. Tisser des liens avec les personnes qui marchent. Collecter les odeurs, les mots, le temps pour écrire le mot festoyer. Les histoires se gravent en mordant dans nos souvenirs. Créer ensemble des mondes et se rendre compte que souvent ces mondes tiennent dans nos sacs à dos.
Les moutons sont faits de laine et de poussière.
Je souhaiterais vous proposer des objets qui petit à petit se rassembleront. Une clochette en terre rencontrerait une grande nappe de pique-nique qui est en fait une mare. Suite à cette rencontre, les verres du refuge discuteront. Je me construirai une traîne ou une cape, c’est la même chose. Selon mon humeur et la météo, j’acclimaterai ma tenue.
Une fois habillé·e et entouré·e je danse, chante mal, gesticule, lis, raconte, ou vous regarde. Un monde sera là, nous l'habiterons pendant les veillées. Il ne pourra pas disparaître tant que des yeux seront posés sur lui, tant que des mains essayeront de trouver l’animal, le corps sous le mouton. Tant que nous créerons des mondes, nous pourrons y danser sur le bord. »
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