« Il y a chez les pierres, cailloux, rochers et autres concrétions minérales quelque chose qui m’intrigue depuis plusieurs années. En cherchant à comprendre ce qui délimite la frontière entre vivant et non-vivant, mon regard s’est posé sur ces matières-objets issues d’une dite « nature », précédant l’humain et pourtant assez unanimement considérées comme des « choses mortes ». Or il me semble que quiconque habite la montagne sait que les rochers se déplacent, coulent en rivière, et que leur passage impacte radicalement le paysage qu’ils traversent. J’ai très envie de savoir ce que les cailloux ont à nous dire. Pendant cette semaine de résidence au refuge de l’Olan, je travaillerai à l’écriture d’une pièce de théâtre pour pierres.
Il faudra d’abord les choisir. M’introduire en leur sein discrètement, l’air de rien. Respecter leur espace vital, prendre le temps nécessaire. Les écouter, apprendre à connaître leur poids, leur grain et leur caractère. Trouver les moyens techniques de les emmener en balade, voir la vue depuis l’autre versant. M’intéresser au phénomène de l’éboulement comme on regarderait un mouvement de foule. Considérer ces pierres comme des corps dont je pourrais, pendant quelques jours, être la chorégraphe.
Dans ce lieu isolé où tout pourrait arriver, je serai la seule témoin. J’amènerai pendant mes excursions du matériel de prise de vue et de son, et documenterai mes découvertes. Ces recherches pourront aussi être l’occasion de continuer un travail sur le sous-titre et le roman-photo débuté dans le Vercors et que je poursuis pendant mes randonnées en montagne. »
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