Les suisses disent parfois que le territoire de leur pays serait très vaste si l’on rapportait ou étirait ses superficies « montagneuses » sur une surface plane. En effet, en cartographie traditionnelle, le relief ne compte pas dans le calcul des étendues.
Il me semble également surprenant qu’en peinture, le paysage ait sa propre gamme de format en châssis. Or le cadre, c’est le découpage, le fait de prélever un élément de son milieu et de le déplacer, ce qui ne semble pas compatible avec ce qu’est un paysage, impliquant une forme d’environnement.
Je voudrai ainsi partir de l’idée du cadre comme élément d’un ensemble, pour développer celle du morceau comme force d’évocation. M’appuyant sur la méthode des Cassini pour élaborer la première carte de France (à partir d’un maillage de triangles connectés les uns aux autres) et le rapport de l’espace au puzzle développé par Georges Perec dans La Vie Mode d’emploi, j’aimerai définir un périmètre d’investigation autour du refuge, étendue dont j’essaierai de relever les dimensions non- visibles, notamment géologiques.
De ces relevés, je produirai un grand bas-relief en résine de papier (idéalement en y incorporant des éléments glanés lors de la semaine de résidence) qui rendraient compte de ces « autres espaces ». Je peindrai ensuite un paysage en strates sur ce bas-relief, puis je le découperai en une vingtaine de morceaux, chaque fragment pouvant être perçu en soi mais restant également dans une forme de dialogue secret avec les autres fragments. »