« Cette résidence en refuge représente une opportunité unique d’interroger mon rapport à la matière dans un contexte de transformation et de contraintes. Mon travail de céramiste repose sur une compréhension intime des états de la matière et des processus de métamorphose, du façonnage de l’argile à sa cuisson. En altitude, confronté aux éléments bruts – roche, vent, eau, variations de température – je souhaite explorer ces transitions naturelles et voir comment elles dialoguent avec ma propre pratique.
Plutôt que de simplement transposer mon travail en céramique au sein de ce nouvel environnement, je veux interroger la matière elle-même : comment réagit-elle hors de l’atelier ? Que devient une pratique ancrée dans la technique lorsqu’elle est confrontée à un espace sauvage, éloigné des outils habituels ? Peut-on envisager des formes d’interaction avec la matière directement sur place, en utilisant ce que le refuge et son écosystème offrent ?
J’aimerais expérimenter avec des prélèvements/déplacements de matières locales (terre, minéraux, cendres, plantes ou neige) et observer leur comportement sous différentes conditions. Cette piste avait déjà été expérimentée lors de ma résidence de recherche et création à l’hiver 2023 à la Villa Glovettes et pourra se prolonger ici.
Peut-être que la céramique ne sera qu’un prétexte, et que cette résidence me conduira à des formes plus éphémères, des gestes ou des installations temporaires, en résonance avec l’environnement dans le but notamment de ne pas nuire à la réserve naturelle.
Ce séjour est l’occasion d’élargir ma réflexion sur l’évolution de mon travail, d’explorer un rapport plus direct à la matière et à la lumière et d’envisager des formes de création qui dépassent l’objet, en intégrant pleinement le lieu et ses dynamiques naturelles. »
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