« Les reliefs avantageux portent refuge aux idées révoltées. Prendre de la hauteur et ne rien dominer, voilà un beau point de vue. La montagne peut-elle encore nous cacher, nous qui sommes épiés et épions en permanence, perforant ainsi les quatre coins du monde ? Se soustraire un temps à plusieurs, volontiers, ils sont rares et précieux les moments d’échange. Je prendrai ce temps réfugié pour continuer à penser et pour commencer à agir camouflée. Se cacher porte préjudice, pourtant, qui voudrait vivre nu dans un bocal de verre ? Pourquoi livrer sans cesse ce qui nous traverse ? Les opinions poussent la pensée dans le vide.Les gros titres ne sont pas intéressants, ils flattent nos pulsions primaires alors que nous pourrions jouer à cache-cache. Se fondre dans le décor c’est réjouissant, bien que cela ne soit pas un décor et que nous ne serons pas déguisés. Devenir paysage, enlever les contours qui nous séparent de lui est une quête de longue haleine. Là-haut, comment ? Cela reste à trouver. Ma pratique se nourri de ce qui l’entoure et notamment des branches qui la font trébucher.Je travaille telle une éponge, laisse mon bagage ci-joint, et candidate pour le débordement de l’imprévisible. »
Tous droits réservés © Estelle Chrétien et l'envers des pentes 2019