« Les Alpes, et plus particulièrement le Briançonnais, sont le berceau de ma quête lycanthrope. C’est ici que j’ai commencé à pister les loup·ve·s, à les sentir, à les connaître. Devenir loup-garou demande du temps, de l’investissement et surtout d’être sur place.Le temps de résidence que vous proposez me parait être une occasion inédite pour avancer sur mes recherches lycanthropes, après avoir passé deux ans loin des reliefs alpins. J’envisage la résidence comme un temps de recherche et de vie sur le terrain où il me sera possible d’arpenter les territoires traversés par les mouvements lupins, humains et autres. Pour l’instant – le projet sera amené à évoluer à vos côtés – j’imagine me concentrer sur un objet bien particulier, qui constitue un élément essentiel du devenir garou : le piège photographique. Cette caméra, qui s’active automatiquement quand quelque chose passe devant, porte en elle des dimensions contraires, dont j’aimerais explorer les paradoxes. Descendant direct des recherches de George Shiras III, c’est un outil imaginé pour la chasse, qui est aujourd’hui utilisé à des fins scientifiques et protectrices. C’est un objet de surveillance, entre protection et répression, qui soulève des questionnements qui me semblent intéressants à travailler dans le contexte des Alpes, étant un territoire traversé par des problématiques écologiques et migratoires. Travailler avec vous, en refuge, au contact direct du terrain, me semble être une chance exceptionnelle d’explorer cet objet, autorisant une pratique mêlant vidéo, photographie, pistage et sculpture. »
Piège 1 (sous-bois); Piège 2 (sous-bois); Piège 3 (sous-bois)
Étain, impression 3D, peinture acrylique, piège photographique, lichen, vidéo
“ Les pièges photographiques sont des objets ambigus, entre outils scientifiques et caméras de vidéosurveillance. Indispensables pour étudier les comportements des non-humains dans leur milieu, il n’est désormais pas rare de croiser ces objets en forêt - et de se faire photographier à notre insu, comme d’autres animaux. Ici, Ludovic Hadjeras réinterprète leurs forme et fonction, les éloignant de leur contexte et de leur usage initial, et propose ainsi de déplacer les regards. ”
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