Je les regarde bouger leurs mains, les yeux mi-clos, concentré·e·s à la fois sur la falaise et l’image mentale qu’il·elle·s s’en font. Les articulations se meuvent dans tous les sens et leur donnent des allures de pantins, comme si leurs gestes étaient activés par quelqu’un ou quelque chose d’autre.
Ces grimpeur·se·s m’évoquent une communauté, influencée par le paysage, la météo et les difficultés
du granit proposé. Le topo est leur guide, le consultant à chaque hésitation. Il·elle·s ont un langage,
des gestes, une écriture particulière. Il·elle·s se déplacent en bandes, s’installent, éprouvent la montagne et disparaissent dans un éclat de lumière derrière le rocher. Il·elle·s laissent des signes presque invisibles sur la roche, signes à déchiffrer. Communauté ancienne ou futuriste happée par l’Aiguille Dibona, reliant les sommets suspendu·e·s à leur corde d’aramide tressée.
À 2730 m d’altitude, commence une enquête archéologique pour tenter de saisir cette société en mouvement : fragments de paysage, fractions de corps, recherche de signes. Une semaine pour faire le portrait de cette communauté inventée, fantasmée, mais quasi réelle ; état des lieux de leur habitat provisoire, de leurs outils technologiques, de leurs corps accrochés – reliés aux éléments. »