« Autour du refuge, la nuit, il n'y a pas beaucoup d'humains. Tout le monde converge le soir et se regroupe dans le même bâtiment. Les vallons sont silencieux et frais. Quand je suis aide-gardienne, les moments que je préfère sont tôt le matin, quand certains partent à la frontale. J'ai l'impression que le refuge est en veille. Dans un petit espace de cette large montagne, des dizaines de corps chauds, endormis, vont bientôt bouger, se déplacer, parler fort et monter plus haut. J'ai une sensation de frémissement accentuée par le changement assez marquant du rythme de travail. On prépare le café au bruit de la gazinière, quelques minutes plus tard les lumières s'allument, le service commence et bientôt, de ce bâtiment sur mesure pour les humains, des marcheuses vont se disséminer dans un paysage à l'échelle trompeuse. Le refuge est un contenant de repos. En y entrant, nous pouvons y retrouver des repères confortables dans un milieu d'imprévus. Au Soreiller, je me tourne vers des contrastes : le petit lieu calibré, frémissant et parfois bouillonnant au milieu de cet espace plus grand au rythme plus lent. Je serai une observatrice mouvante, dans le bâtiment et autour. Particulièrement intriguée par ces endroits en montagne où l'on choisit de passer la nuit. J'emporterai des matériaux légers pour improviser avec la situation. En venant au Soreiller, j'ai un angle d'approche mais pas de plan ficelé. J'ai beaucoup fait la vaisselle, beaucoup cuisiné en refuge mais je n'ai jamais fait de l'art là-haut. »
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