« Je m’intéresse tout particulièrement à l'immensité et la vacuité des territoires, leur aspect désertique et délaissé mais également leurs rapports à la contemplation et à la méditation. Je travaille essentiellement à partir du territoire, du paysage comme décor principal de mes films et compose ensuite les mises en scènes à partir de ce décor comme cadre. Le paysage est la matière première de mes compostions filmiques et photographiques: il en a le rôle principal.
« Pour apprécier ces contrées, il est important de s'en imprégner, de parcourir près de vingt-cinq kilomètres le long d'une mauvaise route, d'être trempé, d'avoir faim, d'être terriblement fatigué, d'avoir mal aux talons à cause du frottement de chaussettes mal enfilées, de marcher sur le rivage près d'un fragment de glace portant la trace orange de pollen emporté par la pluie et dans la cavité duquel pousse un lys mouillé parsemé de mouchetures violet sombre. Inutile de s'extasier devant tant de splendeur, il suffit d'un coup d'oeil las et rapide pour s'en souvenir à jamais afin de pouvoir en parler comme d'un miracle. » Andreï Tarkovski
Nous faisons parti du paysage. Ce qui s’offre à nous, c’est notre présence dans le paysage, notre présence au monde que nous découvrons. Pour François Jullien, dans chaque paysage, il y a le tremblement de tous les paysages perdus, anciens, les paysages de la mémoire qui remontent en nous et qui ébauchent en nous la figuration des paysages à venir. Telle une cinéaste arpenteuse, je souhaite explorer le Parc National des Écrins, tout particulièrement l'alpage du haut vallon de la Lavey avec ses glaciers et ses lacs. Etre dans la découverte du paysage et l’échange avec les autochtones et les randonneurs.Travailler sur la notion de durée. La durée amène le mouvement; tel le mouvement d’un paysage : son évolution, son bouleversementEtre en extérieur au milieu des éléments, c’est être à la merci de, sans protection, être fragile.Je souhaiterais « pousser » mon côté performatif, cette endurance qui m’amène à mettre mon travail dans la difficulté, sans en oublier le décalage, le burlesque et l’absurde qui l’accompagne. »
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