«J'imagine des formes déjà là. Des formes en forme de dommages collatéraux, naissant d'usages, de gestes qui proviennent de l’expérience des terrains, sur les sentiers de randonnées. Des traces qui habitent la montagne comme autant de petits manifestes ; des témoignages, non pas de ce qui s'aménage mais de ce qui se cosigne. Je pense à ces portions de sentiers qui se dédoublent sur quelques mètres, comme de faux pas de côté, quelque part entre les lignes de désir et les pistes d’animaux. Je pense à cette pratique coutumière de construire collectivement que peuvent incarner les cairns. Envisager alors les pierres qui jonchent les chemins, celles qui n’ont pas été déplacées et empilées par la main d’un randonneur mais qui potentiellement le seront un jour.Ces gestes, ces traces, je voudrais y être attentif. Et depuis cette position en hauteur, essayer de les lier à tout ce qui perdure et s'active en contrebas. Postuler que si le refuge peut être une mise à distance, il peut devenir une mise en regard, ou mise en balance. Que si le refuge est un abri, il nous en remet peut-être aussi à nos vulnérabilités. Il est alors un endroit où raconter le monde prend un sens singulier du fait de l'endroit lui-même ; un endroit où ce sens peut prendre position. Entendre et raconter des histoires diverses donc, depuis les hauteurs d'une tribune.»
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