« C’est un pari : celui de l’écoute.
"Paupières closes, isolement, îles du voir." 1
Me laisser emprunter, traverser par ce territoire, traverser ce territoire par l’est et par l’ouest, par le dedans et par le dehors.
Expérimenter le présent dans cet entre-temps sans familiarité.
Habiter cet entre-temps, physiquement.
Marcher. Voir. Respirer.
Porcelaine, grès, papier, sensibilisateur des humeurs, encre, mortier, pilon, tamis, scotch, carnet, ficelle, appareil argentique, pellicules, eau, enregistreur de sons.
Prêter attention à ce qui s’anime finement en moi dans cette infinité de ciel, d’eau, de roches.
Explorer ce qui se sera animé.
Poser le pied au sol. Observer. Humer.
Appréhender les profondeurs de ces roches, dedans, dans la terre. Comment mon corps se laisse t’il habiter par ces circonstances ? Quels gestes s’imprègnent ici ? Le poids des choses - ces choses là, vivantes ou non, matérielles ou non- est-il le même ici ?
Quelle est la pesanteur ?
Déposer. Déposer un état. »
1 : Guiseppe Penonne cité par Georges Didi-Huberman, Être crâne. Lieu, contact, pensée, sculpture, Paris : Editions de Minuit, coll. "Fable du lieu", 2000.